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Tinapony, 45 ans, Versailles
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J'avoue qu'il est temps d'avouer. A ne plus être l'objet d'attentions, ni d'échanges « vrais » avec mon mari, je me suis petit à petit éloignée de lui. Tout d'abord virtuellement, en m'intéressant à une autre personne, un célibataire de ma connaissance plus jeune que moi, et semblant avoir des difficultés personnelles. Petit à petit, cette correspondance du soir en instantanée m’est devenue essentielle, et presque quotidienne. Quel bonheur d’apprendre, d’échanger, de soutenir. Cela a duré presque trois ans. Que de l’amical, rien de charnel. Comment n’ai-je pas vu qu’il s’agissait d’une fuite pour oublier que j’avais oublié mon couple ? Comment mon mari a-t-il pu supporter mes couchers tardifs ? Jamais de reproches, jamais de crise. Que de l’indifférence. 21 heures : que j’ai pu détester cet horaire. Celui où les enfants vont dormir, celui des retrouvailles supposées être en tête à tête entre conjoints. Ce fut après un voyage avec mon mari sans nos enfants que la crise a commencé. Il s’agissait de notre premier voyage depuis que nous étions devenus parents, 12 ans plus tôt. Un voyage à deux comme une seconde lune de miel, cela aurait dû être merveilleux. Nous partions en groupe pendant 15 jours selon un circuit bien rôdé. En apparence, tout allait bien. Les sites à visiter étaient merveilleux, le groupe très sympa. Oui mais voilà. Coté sensualité, pour ne pas parler love, rien du tout, le désert total. Pourtant il n’y avait plus de fatigue liée au travail, plus de transport en commun interminable. Nous étions à l’hôtel, la température dépassait les 30 degrés, c’était les vacances. Au retour, je ne pouvais plus nier l’évidence : 15 jours de vacances géniales sans sexe, la situation était grave. Je savais qu’un jour je referais une thérapie, j’ai utilisé la situation pour en commencer une dès le retour. Bien évidemment, j’ai mis 5 mois à parler de mes problèmes de couple à ma psy. Officiellement, je venais pour un surpoids, pour des angoisses et des doutes et pour mon travail qui me prenait la tête. Qu’il est dur d’avouer, même en séance de psy. Mon ami sentait ma souffrance, il avait deviné je ne sais comment qu’elle n’était pas seulement liée à mon travail. Un premier mail de sa part m’expliquant qu’il était malheureux de me voir souffrir inutilement a tout déclenché. Il expliquait qu’il comprendrait que je sois amenée à lui tourner le dos, car inconsciemment j’avais peut-être deviné que je lui plaisais, même s’il savait pertinemment que c’était sans espoir, mais juste parce qu’il aimait les personnes qui ont du charme et qu’il ne voyait aucun mal à vivre avec cette idée. Il expliquait que cela pourrait peut-être avoir des conséquences sur ma thérapie. Ce mail, je ne l’ai même pas « compris », je l’ai mis de côté ! Mais il était là et il faisait son œuvre. Deux mois plus tard, toujours par mail, je lui exposais ma situation conjugale. Que ce fut dur. Il a été très honoré et peiné d’apprendre tout cela, mais en même temps il reconnaissait avoir flairé l’affaire, même si je prenais soin de ne rien dire. Peu après il m’apprenait qu’il avait eu récemment une liaison furtive avec une ex petite amie datant du lycée. Elle était mariée depuis quelques années, avait un enfant, et s’ennuyait. D’apprendre cette nouvelle, cela m’a fait comme une autorisation. Et moi qui n’avait jamais été « voir ailleurs », et bien je l’avoue, je suis allée le trouver chez lui peu après pour lui dire à quel point j’étais heureuse de son amitié, mais aussi de son regard sur moi. Je n’ai pas su résister à ce regard, à cette admiration. Notre liaison a duré quatorze mois. Quatorze mois de vie, de désir, de jouissance, mais aussi quatorze mois de culpabilité, de peur et de tristesse. Comment ai-je pu ne pas éviter cela ? Heureusement pour moi, ma psy a été mon meilleur soutien. J’ai pu, à cause de cette situation, lui parler (enfin !) de mes problèmes conjugaux et de cette liaison. J’ai été soutenue par elle pour parler à mon mari afin de lui dire que rien n’allait plus. Il ne m’a pas entendue, alors je lui ai fait une longue lettre. Il m’a répondu et nous sommes convenus qu’une thérapie de couple semblait être la seule issue. Comme il freinait, nous avons lu pendant trois mois chacun de notre côté le même livre sur les thérapies de couple, pour comprendre de quoi il retourne. A l’issue, il s’est demandé s’il ne valait pas mieux pour lui de faire une thérapie individuelle. Ce qu’il a commencé, toujours pendant ma parenthèse amoureuse, qu’il ignorait bien sûr. Il n’a jamais su. Sa thérapie a été bénéfique et a lui permis de comprendre pourquoi il laissait faire cette situation et pourquoi il aimait si peu les échanges personnels (comprendre introspectifs) avec moi. La raison était complexe, ancienne, et le fait qu’il soit comme cela m’avait bien sûr convenu pendant fort longtemps, pour reproduire une histoire qui n’était pas la mienne. Nous avons pris notre temps, mais avons quand même entrepris une thérapie de couple, tout juste achevée. La tornade est passée, la montagne est grimpée, nous redescendons vers la vallée. Nous savons qu’en cas de problème, il y aura notre thérapeute de couple au cas où. Nous ne divorcerons pas. Nous avons décidé de mieux nous occuper de nous. Mon ami, ex amant, prépare son départ. Il va partir loin. Je n’y suis absolument pour rien, c’est un vieux rêve pour lui, et je ne l’aurais pas empêché de le réaliser. Nous avons donné à l’autre le meilleur de nous même, ce qui nous a permis de vivre une histoire merveilleuse, mais irréelle, et impossible à poursuivre. Une histoire-médicament.
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